© Daniel Liénard |
Construire un paysage est travail d'imagination et la tradition en remonte aux origines. On pense à Jérôme Bosch, aux nombreuses vedute rêvées des vénitiens et, plus près de nous, aux surréalistes : Max Ernst, Yves Tanguy ou Dali. Pourtant l'exercice est plus troublant s'il est effectué avec des éléments photographiés ou avec des photographies modifiées, car la photographie est censée au départ reproduire une réalité objective. Mais le problème de la perception du réel dépasse largement les jeux de l'imaginaire. Les phénoménologues ont posé les vraies questions. Ce que nous appelons le réel, et qui est perçu comme tel, n'est en définitive qu'une construction d'un oeil que nous a légué l'évolution. Difficile de se représenter le monde vu avec l'oeil du jaguar ou pire avec l'oeil d'une mouche. Cela ne donne-t-il pas une forme de légitimation à la recréation d'une réalité qui au départ comporte une grande part de relativité ? Ce que nous appelons un paysage imaginaire a cet intérêt supplémentaire d'introduire dans l'image une dimension humaine plus personnelle.