mardi 1 mai 2018

REPRENDRE SOUFFLE de Florence TRAULLÉ

© Florence Traullé

Cela faisait trois semaines que je passais des soirées, des bouts de week-end dans ce centre d’hébergement pour demandeurs d’asile, ouvert en catastrophe parce que la photo du cadavre d’un enfant échoué sur une plage turque avait ému et qu’il fallait bien faire quelque chose. La ville de Lille avait mis à disposition une maison de retraite désaffectée, des travailleurs sociaux avaient été dépêchés en catastrophe.
Dans la journée, une dizaine d’hommes était arrivée de Calais. Des Soudanais, un Lybien, un Tchadien. Nous étions assis dans la salle du rez-de-chaussée. Aboubakar avait un livre avec des images et la traduction des illustrations en arabe et en français. Les exercices de prononciation ont provoqué quelques fous rires. Abdallah, arrivé aussi ce jour-là, improvisait des passes de foot avec un gamin irakien.
Nous en étions au troisième thé de la soirée. Dans ma poche, mon portable envoyait des alertes en rafale. Il devait être 21 h 30. J’ai fini par regarder. J’ai lu : «Fusillade à Paris, une dizaine de victimes». On ne savait pas encore que ça serait bien pire. Je me souviens de cette femme, descendue en courant et qui, terrifiée, répétait en boucle «Daech, Paris ! Daech, Paris ! Daech, Paris !»
J’ai mis longtemps avant de réaliser que l’histoire de ce travail photographique est véritablement née cette nuit-là.
La nuit du Bataclan.
Le 13 novembre 2015.
Pendant 18 mois, j’ai partagé le quotidien de ce centre de réfugiés. Je ne voulais pas photographier Calais, la boue et la désolation du bidonville devenue, dans le langage courant, « la jungle ». Un mot terrible. Comme si les hommes étaient devenus des animaux.
Je voulais raconter l’intime, dans un lieu sécurisé, comment se construit, se reconstruit, une vie ici, dans son quotidien, avec ses lenteurs, ses espoirs, ses désillusions, l’attente et l’angoisse de l’obtention de l’asile ou de son rejet, l’apprentissage d’une nouvelle langue, la vie de cette drôle de communauté où vivaient ensemble des femmes, des hommes, des enfants, qui ne parlaient pas tous la même langue mais unis dans ce destin d’exilés pour qui tout est à recommencer. Le temps de reprendre souffle.
J’ai vécu, avec eux, auprès d’eux, une magnifique leçon de vie, aussi.
J’espère leur rendre hommage, à travers ces photographies, avec pudeur et tendresse.
Je vous offre quelques-unes.
En partage.

Florence Traullé 

EXPOSITION DES LAURÉATS DU CONCOURS DE PORTFOLIOS 2017
Galerie Nadar - Médiathèque André Malraux de Tourcoing
Du 12 mai au 30 juin 2018

VERNISSAGE DE L'EXPOSITION
LE SAMEDI 12 MAI A 11H30

ESPACES-TEMPS de Olivier MARCHESI


© Olivier Marchesi

La  Russie s’y incarne par fragments au travers des sensations que l’on éprouve d’elle et des impressions qu’elle procure à celui qui la regarde : pêle-mêle le vertige des dimensions, les superpositions temporelles, la beauté sauvage, les vestiges d’un monde pas encore révolu. Ce travail est conçu comme un portrait de la Russie contemporaine à la croisée de sa géographie vertigineuse et de son histoire tumultueuse.

Olivier Marchesi

EXPOSITION DES LAURÉATS DU CONCOURS DE PORTFOLIOS 2017
Galerie Nadar - Médiathèque André Malraux de Tourcoing
Du 12 mai au 30 juin 2018

VERNISSAGE DE L'EXPOSITION
LE SAMEDI 12 MAI A 11H30

SEMANA SANTA de Rebecca EVRARD

© Rebecca Evrard

La Semaine Sainte à Séville est un évènement d’une grande intensité spirituelle et artistique.
Une soixantaine de confréries parcourt la ville, accompagnées de leur cortège d’un millier de pénitents. Il ne s’agit pas uniquement d’une fête catholique, mais également d’un grand moment de culture fondée sur l’être humain. Chaque jour, il y a des processions l’après-midi et la nuit. Elles empruntent un itinéraire propre à partir de leur église et rejoignent un itinéraire commun (Carrera Oficial) qui traverse la cathédrale de Séville, aux rythmes prenants de tambours et trompettes.

La ferveur, l’art, la musique et les couleurs font de cette semaine une fête émouvante.
La ville fit à l’heure de la Passion. Les espagnols sortent dans la tenue de leur confrérie et veillent jour et nuit, en offrant aux regards des images d’une beauté simple.

Rebecca Evrard

EXPOSITION DES LAURÉATS DU CONCOURS DE PORTFOLIOS 2017
Galerie Nadar - Médiathèque André Malraux de Tourcoing
Du 12 mai au 30 juin 2018

VERNISSAGE DE L'EXPOSITION
LE SAMEDI 12 MAI A 11H30