© Remy Pinaton |
Pendant plusieurs années, j’ai habité les hauts plateaux de Madagascar où, chaque hiver austral, se perpétue la tradition du Famadihana. Vazaha (étranger) intégré à la population, j’ai eu l’opportunité de participer à des dizaines de ces fêtes traditionnelles. Selon la philosophie malgache, les mânes des défunts ne rejoignent définitivement le monde des ancêtres qu’après la corruption complète du corps, au bout d’une longue période pouvant durer des années, et après l’accomplissement de cérémonies appropriées. Le rituel d’ancestralisation, post-mortem, consiste à déterrer les os des ancêtres, à les envelopper cérémonieusement dans des tissus frais (lamba) et à les promener en dansant autour de la tombe avant de les enterrer à nouveau. À Madagascar cependant, cette ré-inhumation (littéralement « retournement ») finit par devenir périodique. Elle a lieu en général tous les sept ans, à l’arrivée à terme, ou lorsqu’un des membres de la famille a rêvé qu’un ancêtre demandait une cérémonie. On organise alors de grandes festivités réunissant tous les membres du groupe. À cette occasion, les linceuls de soie recouvrant les restes mortuaires décomposés de plusieurs corps sont renouvelés.
Galerie Nadar - Médiathèque André Malraux de Tourcoing